Un bout de tôle, quatre citrons et une épine.
(Je lus dieu-tige, je
me rappelle l’éblouissement, la volée de flèches. Je n’y reviens pas. Je tente
de transcrire ici les premiers impacts ; des notes mentales en quelque
sorte).
Droit, le vers, si sec ─ « sec » est le vers ─, si droit. Colonne(s) de vers secs, de segments courts, la « tige » précisément, ou l’« épi », l’ « épine », le « dard ».
Et là, dans l’apparence, dans l’immédiate saisie, un
monde de rondeurs, de lignes courbes, de parenthèses et d’humidité.
Il écrit ─ on dirait ─ par retranchement.
Ou il vise juste. Il voit juste. La saisie est prompte,
radicale.
Il ne tresse pas, ne tortille pas, n’entortille pas. Pas
de surabondance, de saturation.
Quinte essence.
Il y a une impatience dans la note, un aplomb. Ceci est.
Il y a fébrilité.
Il ne creuse pas, il épingle.
On ne parlera pas d’orpaillage. Ce ne sont ni miettes, ni
tessons, mais un fil tendu, des fils (résille de sel).
D’où cette impression de claire-voie (entre les cils et
les roseaux) qui peut être du ton sur ton, soleil contre soleil, la nuit et sa
doublure, l’ombre de l’ombre.
On lit donc entre les fils, entre les lattes, entre les
vers.
Pas de totalité spatiale, mais une fragmentation, une
parcellisation qui par la répétition peut devenir sédimentation,
cristallisation.
L’encoche, l’encoche surtout, le très rare ornement.
L.-F.D. archer.
Pas d’exotisme colorié. Chacun porte son Afrique s’il est
resté l’enfant.
L’espace géographique est toujours celui du désir.
La bête est celle du désir.
Le bestiaire est nombreux.
Le désir est nombreux.
Il lui faut le sable, pas tout le sable, le grain, le
triangle des dunes.
La fleur donne son nom, juste son nom. Le mot savant est
exclu, le grand lexique, la rhétorique.
dieu sans majuscule porte tous les noms.
Le poème insoluble en lui-même.
Le poème irrésolu.
La répétition (tous les ciels), fait musique en des
suites et variations infinies. Poésie d’arpèges (fil de fer ─ on y revient ─
pincé).
Oui, sans cesse recommencer : c’est la probable
névralgie. C’est la tragédie.
Registre sensoriel d’une extrême pureté (rien en trop).
L’épine perce toujours la peau.
Erotisme élémentaire (il n’y a que dons).
Echange des corps en morceaux.
Tout brûle et coule et bat.
Diérèse n°28, hiver 2004/2005