TANGER
un ciel drapeau sur la chair bleue des créneaux
désert blanc message soleil le nectar d'une tubéreuse
orteils crasseux et paume creuse dans le fumet des tripes
fraîches la fragrance des verveines
(fable du marabout)
c’est une colline qu’’on ne regarde que de loin – à
regards comptés – on ignore ce qui viendra (la foudre, le miracle) l’ère
portera le nom de la colline qu’on ne regarde que de loin toutes les machines
parleront on comptera nos sous
son rire invente l’émail il effeuille la menthe sur ma
langue dans l’odeur aïeule d’une huile brûlée je lèche sa cuisse épicée bois
l’eau de son coude la couverture bergère est une bonne paille on rampe sur nos
ombres les dalles cuisent l’os
entre terrasse et marché le trémail des ruelles il pleut le
ciel en damiers
ses deux béquilles en autel il prie – si loin La Mecque à cloche-pied
l’œil rasant le bâillon (encre en arabesque) femmes
accroupies au seuil des maisons meringuées vierges urbaines sourire absent
éventail colorié des guenilles le soleil fossilise un
sillage de linges
grêle sur pattes d’oiseau une pièce pour porter trois
couffins de ripaille – l’étagère comblée on parle élégamment de régimes
la peau du temps vibre c’est l’aube de la terre dans
l’orgie des tambours
de sa bouche coule un jus d’olives des mots d’abordage il
présente la figue et l’ambre soulève le coton bleu la blessure est intacte
après muezzin sur antennes T.V. les palmes zèbrent le
pisé somnolences des sieste au secours des pins des bougainvillées vers
l’horizon coton il médite ou ne pense plus
chaque été mes sandales neuves
je cherchais un sentier digne
de mon chien
1980, revu 1985, paru dans Rectangle n°7, juillet 1985
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