ces sœurs
mariales, ces nonnes au teint de cierge, ces zélatrices sous la bure, pieds et
mains déformés par les engelures, ces saintes femmes extasiées, roides, béates,
le cœur percé d'une flèche d'or, douce et cuisante, la poitrine sèche, le flanc
inondé de lumière iridescente, les chevilles et les poignets dégouttant du Précieux
Sang, ces pénitentes mortifiées, ceinturées de punaises et de semences,
couchées les bras en croix, la face contre le pavement glacé, les reins et les
cuisses écorchés par le chat à neuf queues, qui jettent les lambeaux de leur
chair dans le trou des latrines, ces moines châtrés qui redoutent encore la
fragrance du cinnamome, les effluves de l'encens, le cou laiteux des novices,
ces ermites troglodytes et aveugles, ces anachorètes dans le désert, ces stylites
debout, immobiles sur une jambe, tourmentés par les mouches, infestés de
vermine; comme les plus rigoureuses, comme les plus parfaits, ne rien avaler, quarante
jours durant, boire l'humidité des tombeaux ou, peut-être, au commencement,
après la pluie, glisser la langue sur les feuilles de houx, la tige des
rosiers, entrer très vite en macération, charogne puante, fondre, rétrécir et,
enfin, sans toucher les bords, passer par le chas d'une aiguille
LPDA n°77, mars 1986
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.