dimanche 31 janvier 2010

A Claude

Michel Valprémy

Ça vient, mes échecs matinaux se couvrent de draps secs. Ça vient, comme une horloge sans chiffres ou œuvrant affolée. Ça vient, sans répit et loin des donjons. On se joua des licences x à l'hôtel, des exemples de nudité (territoire ombreux du miroir).
TU BRULES DANS MON GUET!
Un rideau soulevé, ton lacet défait, ma ceinture arrachée. Le jour me tait, la surprise déserte, rite à rebours d'un élan, compas brisé de nos accolades.
Je t'égare dans la foule infirme, dans des savanes apprises une herbe l'autre, sous une bourrasque de hannetons. Je t'étouffe dans des hamacs, te noie sous des douches glacées. Au rond-point de mes instances je te loue, floué dans mes rêves, je te loue et toutes tes somnolences privées. Même à genoux on ne m'a pas forcé.

Rectangle n°4, Lyon, 1984

dimanche 24 janvier 2010

Dossier Michel Valprémy sur “L’appartement moutarde”

Jour de Lettres n°7, mars 1995

 

 

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dimanche 17 janvier 2010

Le baiser

Michel Valprémy


le baiser

LPDA n°61, novembre 1985

dimanche 10 janvier 2010

Au pas de charge

Michel Valprémy

A midi il est midi il dit " je veux te bouffer le cul " j'en suis encore aux croissants c'est tout de suite ou rien pas même le temps de recommander un café je ne l'ai jamais vu mais à force d'attendre quelqu'un ça doit bien finir par se remarquer et puis je suis propre je me sens léger ça se sent aussi bien que parfois les larmoyants les crasseux ça excite on console on douche on tend la serviette on frictionne là où il faut derrière les oreilles entre les orteils et puis en riant on décalotte la bite c'est naturel maman j'ai tout lavé et du doigt on récure la raie des fesses un doigt ça peut entrer et sortir facilement on peut faire semblant de ne pas s'en apercevoir ni l'un ni l'autre un doigt c'est un doigt peu de chose le savon ça glisse on peut déraper les poils n'ont pas le temps de sécher on bave on sue on jouit souvent trop vite d'autant plus qu'il y en a toujours un presque toujours un des deux qui n'a pas envie de recommencer qui est rassasié qui est content que ça lui arrive encore ou qui regrette qui a faim qui a sommeil qui doit aller chercher quelque chose quelque part pour le porter ailleurs avant qu'il ne soit trop tard
Le mieux serait qu'il me bouffe le cul sur place et que je continue de bouffer mes croissants que je prenne le temps de commander mon deuxième café le bar est plein je l'admets c'est un inconvénient il me tire par la manche je le suis il fait beau et blanc partout il n'y a pas de drapeaux pas de manteaux rouges je n'ai pas vu la couleur de ses yeux et je m'en fous un peu pas tout à fait un peu moi les yeux dan les yeux j'aime bien le reste aussi le cul les couilles le foutre tout ça mais aussi les lettres les rendez-vous les messages les fétiches ça me fait rêver ça me fait le coup des aiguilles dans le cœur après on baise bien sûr on se branle queues unies c'est marrant parce que deux queues dans la même main ça fait un gros calibre un instrument qu'on n'imagine pas rencontrer un jour et lorsqu'on lâche une des deux queues celle qui reste dans la main semble soudain ridiculement petite et si c'est la nôtre que l'on tient et que l'on secoue on ne la reconnaît pas un bout de chair étrangère
II fait vraiment beau il n'y a pas de nuages je n'ai pas envie de me presser il me tient le poignet droit pour me faire traverser les rues il m'empêche de stationner devant les vitrines son nez transpire il répète tu vas voir ça va être bon tu vas voir ça va être bon tu vas voir il est vieux beaucoup plus vieux que moi j'aime bien les vieux quand on accepte de les suivre on croirait qu'on les récompense d'une attente qui a duré toute leur vie celui-ci est bizarre mais ça ne veut rien dire ils vous font plein de trucs et si on refuse qu'ils vous aspirent la langue ils ne font pas toute une histoire ils se contentent de ce qu'on leur donne ils ont les couilles qui pendent les sacoches plus lourdes que le fusil comme dit Georges dit La Greta on peut les tordre doucement, les faire rouler les changer de place les couilles des jeunes c'est bien aussi des noisettes ça pourrait être vert ou blanc d'amande et puis avec les jeunes on suce partout même à l'intérieur du cul si c'est sale ça ne l'est pas vraiment mais moi j'aime quand il y a beaucoup de peau à triturer c'est comme les grosses bites ça m'émeut mais je n'ai pas de préférence ça dépend du moment du désir parfois je choisis je fais le difficile le délicat pose mille questions avant parfois je pars avec le premier venu
II est curieux ce type il va me faire traverser la ville au pas de charge la charge avant la décharge c'est pas mal ça c'est con mais ça me plaît j'ai envie de déconner de prendre le temps de déconner de rire un peu c'est bon de baiser et de rire c'est comme jouir et crier ensemble c'est beaucoup plus fort on va moins loin si on se retient lui il ne rigole pas oui quand les bouches rient l'une sur l'autre lui c'est le genre à me demander de pisser ou de chier j'ai rien contre j'y arrive pas si une fois la pisse avec Loïc c'était facile on s'aimait beaucoup on se connaissait par cœur le dedans aussi le sang les dents gâtées la merde tout pour rire ça on riait Ça y est on arrive un hôtel c'est un habitué il a sa clé il ne ferme pas la porte de la chambre s'allonge par terre tout habillé il me demande de baisser pantalon et slip pas de les enlever de les baisser et de m'accroupir sur sa bouche j'obéis je n'ai pas fait tout ce tra jet pour rien il écarte mes mains qui tentent de défaire sa ceinture il lèche mordille suço­te grignote c'est agréable il écarte mes fes­ses bouffe ça dure cinq minutes pas plus ensui te il me repousse se relève et part sans rien dire je reste la queue en l'air je n'ai pas en vie de me branler je décroche le téléphone com mande un café puis je ris pour la forme

LPDA n°39, 1985

dimanche 3 janvier 2010

Le distinguo

Michel Valprémy



LPDA n°128, mai 1987