dimanche 20 février 2011

… qui danse

Michel Valprémy

Khoreia I
--> 1.2.3- (répété) Girouettes. Nord. Sud.
--> Il a dit "diagonale". On se vengera aux 4 vents, sans pancarte, alibi ou miroir. On m'aura fait promesse, après les fards, la cage ronde des spots : "Tu TE danseras !"
Khoreia 2
Dans la rigueur exercée (poses et variantes) un remous
du jardin fœtal (on le suppose) et pour bond, Pégase.
nuit coule sur la paume serrant la barre (quelle source impure ? paroles de profane) corps fibres de l'âme suintent après bravi IL crie une fin (hors des hiérarchies arbitraires) le double l'autre échappés perdus à peine montrés le saut le geste le plus rare n'atteignent que l'éphémère et souvent l'œil grimace de qui ne sait pas TRAVAILLE ! tu mourras jeune qui danse connaît ce vertige bref libre plus haut que la permission du poids plus élastique que le tendon le plus souple gravite derviche plus grand plus difforme plus bel plus vicié que l'image libre libre du sol et des codes
Crucifixion
C'est fini ! dernier projecteur. L'ombre est régulière,
le plateau nu. Jusqu'à demain ? toujours ? Une fois
encore la sueur, l'essai S.V.P. Non, la peau humide
pend, le miroir a rendu les rides.
Il fait vieux partout.

Les dossier d’Aquitaine n°05, 4e trimestre 1983












dimanche 6 février 2011

C'est spécial

Michel Valprémy

C'est spécial, cette fatigue des mamans dans le bus, des mamans aimantes, des mamans de famille nombreuse. Comme leur regard change quand un instant la marmaille s'assoupit, quand cessent les bagarres à grands coups de petits drapeaux de chez Mc Donald's. L'œil des mamans se retire en dedans (est-ce l'oreille qui fait le guet ?) ; on n'y distingue plus la moindre étoile, la moindre lueur. C'est une mer morte. Les mamans dorment debout. De temps à autre, elles bâillent en dormant.

Edition Jour de lettre, avril-mai 1996