mardi 13 mars 2012

Compte rendu de EMBLEMES EVIDES (Polder 22)

par François Huglo



Premier recueil. Non de ceux qui" promettent, dit-on, puisqu'il tient. Expulsé des miroirs soporifiques qui répondent aux doutes par des clichés. Arraché aux glus du "moi", de ses
imaginaires prêt-à-porter. Pas même les dramaturgies, incantations, mises en scène, d'un Gênet. Tous écheveaux évides reste la hampe, torsadée mois nue. L'emblème. Dressé, le blason. Ecriture d'un corps, corps d'une écriture, "...ne rien imaginer, déjà, la peau réveil (au plus succinct, au plus immédiat)". Jets brefs, discontinus, serrés, forte pression, (loin des lyrismes dégoulinants). Les points de suspension de Valprémy ne sont pas des ouvertures du diaphragme vers l'infini. L'ineffable, des flous artistiques, ils ne signifient pas : "je vous laisse imaginer ce que je suis incapable de dire", ils sont vides, silences, détachant nette, brute, matérielle, très contractée ("latences, jouent du désir"), incontournable, l'impression. Ses parenthèses ne sont pas retouches, corrections, à un vêtement mal taillé, mais introduction d'un autre plan, d'une seconde voix. Au lecteur de lire. (Oui, lecteur. Les aveugles qui jugent "illisible" le pas-déjà-lu, les audiences de sourds qui fond les "indices d'écoute", iront chercher sur d'autres boulevards leur ron-ron). Nous sommes ici, fraudeurs, sur un "sentier, parenthèses d'un exode initial, source de l'Ecriture, loin des "petits chefs de l'art provincial' qui "dictent des ordres barbelés" et "distribuent muselières en récompense", loin de l'invention (?) qui se "mord la queue (plaire au plus offrant)". N'attendant rien. Eveillés.

La Revue n° 27, printemps 1986

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