à Raphaël
La plage crisse, cap de
silence " Comme souches, d'une rive à l'autre, sans parure, enduisons-nous de sel
jusqu'à craquer. "Au plus haut (une courbe fluor sur nuages) le voyageur ou
l'absent...
L'ailleurs le possède,
j'en appelle aux margelles, aux cordes huileuses, à la dague effilée. La
douleur autopsie, des boutons inguinaux mûrissent. Il ne sourit
plus^.évangélisant ses dents, dans l'obscur il déployait des lights.
Il se couchera sur le quai, je lisserai sa carapace
d'une main de charron et, deux nuits plus tard, au premier urticaire, il
cassera 1'écaille.
Rester c'est mon exode (sur
l'oreiller encore la marque de ton coude). Tu vibres nu dans l'ombre des
palmes, store de l'éden. Mon rêve pullule, quelques bulles éclatent nulle part
et tu ne parais plus. Je découpe tes images, les isole dans le tas anonyme,
fredonne ton chant que je bus proche. Ma nuque se décale sur ton spectre, je
vomis dans mes doigts, sur les pavés indignes.
Et toute la nuit vibre comme ce train muet (l'infortune
des ponts quand les berges refluent), comme ce train muet jusqu'à l'or de ton
cou que cache le pull sang.
Tu accentues le froid, pommettes couturées, serviteur
des dolences (lacet étrangleur de l'écharpe) et mêle ta toison, le ferment de
ton ventre aux boucles du tapis.
Je goûte le scalp, les segments de ton marais. Puise
ta lèvre pâle où grivoise le pouls. Par trois fois l'Ange et le Sphynx
gémissent. Carillonne l'épreuve dans le cerceau de l'œil, l'énigme s'insinue.
Quand le soleil se frange sur la buée des vitres,
c'est un pays perdu.
à Claude
Ça vient, mes échecs matinaux
se couvrent de draps secs. Ça vient, comme une horloge sans chiffres ou œuvrant
affolée. Ça vient, sans répit et loin
des donjons. On se joua des licences x à l'hôtel, des exemples de nudité (territoire
ombreux du miroir).
TU BRULES DANS MON
GUET ! Un rideau soulevé, ton lacet défait, ma ceinture arrachée. Le jour
me tait, la surprise déserte, rites à rebours d'un élan, compas brisé de nos
accolades»
Je t'égare dans la foule
infirme, dans des savanes apprises une herbe l'autre, sous une bourrasque de
hannetons. Je t1étouffe dans des hamacs, te noie sous des douches glacées. Au
rond-point de mes instances je te loue, floué dans mes rêves, je te loue et
toutes tes somnolences privées' Même à genoux on ne m'a pas forcé.
A travers la fenêtre
l'arbre ne vit plus. La promesse est confidente, les derniers gestes ont fondu,
notre immobilité gèle. La nature reste close quand nous nous enfermons. J'envie
le nomade et les soirées de contes (caché sous les roseaux, pour ses proches,
un traître prend des notes).Le lit est ouvert tout le jour, plus rien ne s'y
cache, ne s'y joue.
Horizon, les falots... que diront nos cendres à
l'investigateur ?
Un phare joue
l'alternance, roulette des faisceaux, laps nocturne, gifle soleil. A ciel
ouvert les navires se tuent.
Garçon, ton jeu aux mansardes ajuste le hennin, une
bague tragique. La dentelle froissée (magie des malles moirées) frôle ta jambe
lisse, pied-s- peint-e-.Tu ne sais que parchemins occultes, une allée de cyprès,
le destin des flèches médiévales, tours et arcs.
A ton nombril déjà la
blatte fouit.
à J-F S-V
Je n'ai rien entendu (le
brouillard de la lande), avant de me crever les tympans, une main griffue
déploya le trémail humide, enserra ma tête dans des byssus visqueux, des
tentacules ossifiés.
A l'épaule, je porte la
marque concave des galets. Les oiseaux salins, muets, creusent le sable entre
les pals d'une digue épuisée et, picorant mon ventre, mes aisselles infestés,
me couchent sur leur fiente. Ils couvent les gerçures éteignant dans leur gorge
le vent des îles arctiques.
Que viennent les
lapideurs, les grands chiens enculeurs, l'heure nocturne des tortues
parturientes !
Inédit, février 1984
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